Beuville : de l'humour et des ailes

Ils sont trois comme les Mousquetaires, qui étaient quatre. Mes trois préférés, Beuville, Brenet, Gruau.

Le premier se nomme Georges Beuville. Il signait BEUVILLE ou B avec une étoile. C’était bon signe. Je l’ai découvert dans un des Guides Odé « Le Monde en couleurs » de mes parents : je ne sais plus lequel, Provinces de France, Grande-Bretagne, Benelux, Etats-Unis, Italie, parus à la fin des années 40. Il en était le Directeur artistique et un des illustrateurs. Une jolie collection format 12,5 x17, dos carré, pleine de dessins et de cartes illustrées, en quadrichromie, accompagnant des textes des meilleurs écrivains de l’époque.

Beuville est né en 1902. C’est un Normand du Calvados. Scolarité cahotique. Ecole buissonnière, il y apprend la Nature et dessine, dessine. Ses parents s’installent à Paris. On le retrouve aux Arts Déco. Ses premiers travaux : des décors pour le Casino de Paris et les Folies Bergères et des dessins de costumes et de programmes. En 1926, il expose au Salon des Humoristes, au Salon d’Automne, à celui des Tuileries. Il débute dans l’Edition, se marie en 1925, a deux enfants, travaille dans les années 30 pour la Publicité, l’Edition et la Presse.

Il est passionné d’aviation. En 34, après deux années chez « Maryse Bastié Aviation » il obtient son brevet de pilote en 1936. Il est officiellement Peintre de l’Air comme Brenet, Lengellé et Geo Ham. Engagé volontaire, il est convoyeur d’avions pendant la guerre. Divorce en 1943. En 1948, il fonde la section Vol à voile au sein du Groupe aérien du Touring Club de France. Vélivole passionné, il y convertit sa seconde épouse, Janine, qu’il a rencontrée à la Rédaction de « Marie Claire », magazine dont il est un des illustrateurs. Ils écriront sur le sujet de nombreux articles illustrés bien entendu et un livre célèbre, « Initiation au Vol à voile », plein d’humour et de drôlerie, dont le style alerte n’est pas sans rappeler celui de son ami Jacques Perret, l’auteur, entre autres, du « Caporal Epinglé » dont il a illustré « Ernest le rebelle » et la « Bête Mahousse ». C’est en 1944 qu’il est devenu Directeur artistique des Editions Odé pour « Le Monde en couleurs » et « Le Guide à la page ».
Pour Odé il sillonne le monde.Suivi en cela par ses enfants.

Beuville
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Dessinateur prolifique, il illustre, pour le bonheur des grands et des petits, les classiques, Molière, La Bruyère, Balzac, Victor Hugo, Théophile Gauthier, Dickens, Stevenson, Tolstoï, Pouchkine, comme les modernes, Alphonse Daudet, Pierre Véry, Léo Malet, Pierre Louys ou A. J. Cronin, pour n’en citer que quelques-uns.

Il travaille aussi pour la Presse : Marie-Claire, Femmes d’aujourd’hui, Constellation, Radar, Naturalia, Points de Vue, Adam, La Revue des Voyages, Tintin, Spirou, Pilote, mais ne sera jamais tenté par la bande dessinée où il a de fervents admirateurs à commencer par Hergé, Edgar P. Jacobs et Franquin. Il fait des couvertures pour le Livre de Poche et collabore bien sûr à la Revue du Touring Club de France , à des revues d’aviation.

On comprend que Franquin ait admiré son style : humour, mouvement perpétuel, jusqu’au délire même. Je me suis toujours demandé combien de plumes il avait cassées en griffant le papier de ses personnages rigolards, de ses animaux fantasques. Mais il brossait aussi d’un pinceau alerte paysages et décors. Il n’avait pas son pareil pour restituer la France d’avant, celle qui a disparu sous la consommation et les pavés de mai 68, une France d’Ancien Régime qui avait survivait encore sous la IVeme République. La tendresse s’y mêlait à l’ironie.

J’évoque son trait inimitable, mais Beuville était aussi un gouacheur extraordinaire : son coup de pinceau ne faisait pas plus de quartier que son trait de plume.
Il a rejoint définitivement les couches célestes le 23 avril 1982. Janine avait été emportée par la maladie en 1968.

J’arrête ici ce rapide portrait pour laisser de la place aux dessins qui proviennent tous sauf un, d’ouvrages et de revues de ma bibliothèque personnelle. J’ai tiré une grande partie des informations biographiques d’un merveilleux ouvrage de Jean-Michel Blanc et François San Millan, préface de René Follet, intitulé « B* Une étoile dans le ciel » que j’avais acheté lors de l’exposition Beuville à l’Atelier André Girard, en 2000. Cette somme bibliographique illustrée a été hélas tirée à un très petit nombre d’exemplaires. Elle mériterait d’être rééditée pour un plus large public.

On peut voir des illustrations de Beuville sur les sites suivants :

http://mapage.noos.fr/beuville/
http://www.li-an.fr/blog/zolies-images/beuville/
http://www.atelier.angirard.com/expos/index.html
http://www.jacques-perret.com/

 

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